Bravo Kenan Görgün!
ma lettre:
Mesdames et Messieurs les Membres du Jury du prix littéraire du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles,
D'abord je tiens à vous présenter mes excuses pour mon absence, des accès de bronchite..., à côté de mon ami Kenan Görgün que vous avez choisi comme lauréat de ce prix.
Tout choix littéraire est un choix moral et « J'habite un pays fantôme » est, à mon sens, un des rares textes sur le sujet de l’immigration qui ne soit pas ensorcelé par la mélancolie du pays natal, ou du pays prénatal, celui des parents et grands-parents.
Kenan Görgün a rendu claire cette question de l'éloignement de la fiction nationale et de la difficulté souvent d’habiter le sol que l'on occupe. Le temps et le travail de chacun y pourvoiront.
Mettre en scène « J'habite un pays fantôme » avec Othmane Moumen et l’auteur qui montait pour la première fois sur scène comme comédien, et comment !, était pour moi un rendez-vous important. Je remercie encore Kenan pour cette confiance.
Les théâtres qui nous ont accueillis et produit le spectacle, le Théâtre de Liège et le théâtre Le Public ont été des partenaires attentifs et toujours suffisamment souples que pour pouvoir s'adapter et servir cette création qui fut germinante jusqu'à la première. Le public a été au rendez-vous, la presse également, nous les en remercions.
Nous savons que la mixité sociale et très souvent une fiction en amont du réel. Cette pièce sur le grand écart que vivent celles et ceux qui quittent un jour la terre de leur père et de leur mère pour migrer est suffisamment subtile pour ne pas être résumée à un exercice socio-culturel.
Kenan Görgün est un écrivain de haute et large dimension et je vous remercie de le saluer encore ici.
Daniel Simon
Chaque année, le parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles remet son prix littéraire, récompensant successivement une pièce de théâtre, une oeuvre en prose, un recueil poétique et un essai. Pour cette édition, le théâtre est à l’honneur. Le prix revient à Kenan Görgün.
Depuis 1975, le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles attribue chaque année un prix littéraire, qui salue le travail d’un auteur d’expression française illustrant la sensibilité de la Fédération Wallonie-Bruxelles ou dédié à son patrimoine culturel. Ce prix est doté de 5.000 €.
Le jury, présidé par le député Charles Gardier, était composé de membres de l’Académie royale de langue et littérature françaises, d’écrivains belges de langue française, de l’antenne francophone de l’association internationale d’écrivains Pen Club ainsi que de représentants du Conseil de la Jeunesse.
Le jury a décidé de primer J’habite un pays fantôme de Kenan Görgun (éditions Traverse). Le jury a salué une œuvre particulièrement en phase avec les questionnements auxquels l’Europe est confrontée : l’immigration, l’intégration, la tolérance. Autant de thématiques abordées à partir de l’histoire singulière de l’auteur et de ses parents immigrés de Turquie dans les années 1950.
Lire aussi : notre recension de J’habite un pays fantôme
Les autres finalistes étaient Jean-Philippe Thonart pour Suie, Roland Thibeau et Jean-Claude Derudder pour Lire Lear, Pietro Pizzuti pour Qui a tué Amy Winehouse ? et Céline Delbecq, pour son œuvre Le vent souffle sur Erzebeth (Lansman).