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Chères et chers qui achetez vos livres chez Amazon et cie, vous avez raison!
Vous êtes servis plus vite qu'en librairie, on ne vous répond ça "c'est épuisé" sans chercher suffisamment, on met toute la technologie à votre service et ça marche, les drônes seront bientôt en marche de livraison, nous on doit se déplacer pour aller VERS, c'est vrai, le libraire vous conseille parfois et parfois aussi il ou elle vous laisse tranquille parce qu'il ou elle sait que c'est ça aussi une librairie: un endroit de paix où on pourrait enfin avoir un peu de silence de temps en temps, Amazon est silencieux c'est vrai mais si loin (et il paraît que ça geint et ça crie dans les entrepôts, mais c'est loin, quoique, il paraît qu'au Grand-duché de Luxembourg, la Bête aurait un siège? Quelle idée, ce sont des américains!).
Enfin,vos choix, vos désirs de lectures, Amazon les connaît, il vous propose même des puzzle sur Auschwitz parce que vous avez commandé "Si c'est un homme " de Primo Levi. C'est un métier libraire, Amazon montre là une véritable empathie avec le lecteur. Même si le puzzle a été interdit par la suite, il y avait de l'audace et de la proactivité....Puis, ils ont tout, vraiment tout. Enfin, tout sauf la plupart des livres que je cherche, mais je sui un fouineur et j'achète mes livres en librairie sans jouer double-jeu.
Lorsqu'une librairie vit ce que vivent les acteurs de la librairie aujourd'hui, c'est entre autres, que les lectrices, chères, et lecteurs, chers, n'achètent plus de livres (c'est cher, c'est vrai), sont jeunes (ils ne lisent plus de littérature sur "temps long"), le livre numérique payant fait des chiffes misérables (on ne lit pas plus en numérique qu'on ne lit en papier pour certains. Et ceux qui lisent en numérique, lisent aussi en papier), et enfin, comme pour le reste, on a joué dans le film en pensant que la série n'avait pas de fin. Et non, les héros meurent, le générique défile et on est là, penauds, devant l'Histoire qui se passe de nous. Donc, chères et chers, qui n'êtes pas allés en librairie en chipotant des souvenirs de papier et de colle, merci!
Rappel, c'est le lecteur-CLIENT qui fabrique le réel de la librairie et pas l'amateur de pizza (quoique...). Et puis, on aurait dû se méfier Amazon. C'étaient de belles et terribles guerrières, qui se tranchaient le sein droit pour mieux tirer à l'arc. Tiens, étrange, qui se tranche le sein renoncerait donc à allaiter la génération suivante? (A mon chien: "Sigmund, couché, panier!").
En passant, je lis et relis "Bouvard et Pécuchet" de Flaubert. Allez-y, c'est gratuit en numérique, j'y retrouve quelques lectrices et lecteurs de chez Amazon...Quel talent cet homme, quel visionnaire! Il paraît que la Bêtise était son sujet de prédilection. Non, mais dit, ça c'est un sujet..
Paris-Texas/ W Wenders
Denis DIDEROT (1763) “ Lettre sur le commerce des livres ”