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Tristan ALLEMAN, Sidérales, Traverse, 2019, 80 p., 13€, ISBN : 978-2-93078-330-7

Dans Tes yeux, qui ouvre ce nouveau recueil, publié après Fugitives en 2018 (qui concernait davantage les nouvelles), Tristan Alleman dit « vouloir la souplesse du flot et la simplicité du monde ». Voilà un vers particulièrement programmatique de son œuvre poétique limpide, constituée de textes courts, qui « s’interstice, se glisse, se faufile et s’esquisse » entre les genres. Assemblées en cinq parties qui tantôt affichent une symbolique claire (III Prénoms, circulant entre Françoise, Laura, Élise ou Blanche, héroïnes rêveuses et vaporeuses) tantôt laissent le champ ouvert à des échappées plus amples (II L’air pur, V Envol), ces Sidérales ont été glanées dans un espace-temps de vingt-cinq ans, mais témoignent toutes d’un rapport direct et sans fard de l’auteur à ce qui l’entoure, d’une observation patiente « comme une pierre d’eau /qu’érodent  vents et siècles ». Une façon de considérer tant la nature que les mots comme des alliés qui sied bien à la profession de jour – bibliothécaire à la Faculté Polytechnique de l’UMons – de celui qui fut également, avec Marc Menu, co-responsable des éditions du Coq. Une façon aussi, sans doute, comme le dit Supervielle de se faire « des amis des grandes profondeurs. »

Dans Sidérales, l’intemporalité souhaitée – parfois celle des contes où la guerre règne et où le bûcheron, de retour de forêt, hume le repas dans l’âtre  – est donc souvent explicite : « Toute référence au monde s’était effacée. Seule demeurait, assise dans un obscur fauteuil nocturne, la lune à son plus beau quart », protégeant le poète de ses « murailles séculaires ». Quant à l’amour, il s’invite à pas feutrés dans les lignes, l’auteur se faisant pudique jusqu’aux phrases qui s’effarouchent entre parenthèses (Cheveu), souhaitant « rester doux, rester léger » même dans ses liens « avec les feuilles de papier » ou « avec les nénuphars des étangs silencieux ».

Prenons donc quelques minutes pleines et changeantes en compagnie de Tristan Alleman pour contempler les rus et les flux, les cailloux et la fumée de « l’ambre » (ni tout à fait une « ombre » ni tout à fait une autre), espérant qu’au-delà de nos doutes, « une caresse suffi[se] à effacer le vacarme du ressac qui se brise » et que « les oiseaux so[ie]nt nos envols ».

Anne-Lise Remacle

Tag(s) : #Articles
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